24/02/2021

Interview : Sophie Blondel, directrice générale, The H Dubai

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A une brillante carrière dans le monde de l’hôtellerie menée tambour battant en Europe, Sophie a ajouté, début 2020, sa nomination en tant que directrice de The H Dubai. Elle revient pour Vendom sur les enjeux qu’elle a dû surmonter en prenant la tête de l’hôtel à la veille de la crise sanitaire, mais aussi sur la formidable capacité d’adaptation des hôteliers émiratis et le dynamisme de ce secteur.

Vendom.jobs - Avec une formation première en droit, comment avez-vous découvert votre passion pour l’hôtellerie ?

Sophie Blondel - Je l’ai découverte grâce à mes premiers jobs d’étudiant. C’est en faisant du service en salle que j’ai commencé à approcher le milieu de la restauration. Plus tard, je fus en charge d’un restaurant à temps partiel. Le besoin de contact et le sens du service ont toujours été importants pour moi. Ils se sont développés au fur et à mesure du temps et de l’expérience. Peu à peu, je me suis rendu compte que j’étais surtout quelqu’un d’opérationnel et que j’avais besoin d’adrénaline. C’est pour cette raison, qu’après mes études de droit, j’ai effectué ce virage.

V.J. - Quels ont été vos modèles, du secteur ou non ?

S. B. – Bien que j’aurais beaucoup aimé en avoir, je n’ai jamais réellement eu de modèle ou de mentor. Toutefois, l’un de mes managers m’a donné la possibilité de m’exprimer même si j’étais junior. Il a cru en moi et m’a donné l’énergie d’affronter les défis. J’ai également été mise en contact avec le monde de l’hôtellerie par de proches connexions. Ils m’ont rapidement fait comprendre que je n’avais pas besoin de reprendre un cursus et que mes diplômes et mon expérience pouvaient me permettre de débuter ma carrière dans l’hôtellerie grâce à des équivalences.

V.J. - Vous avez connu, dans votre carrière, une évolution rapide. Comment analysez-vous ce succès ? Quelles ont été, selon vous, les étapes clés qui vous ont amenée à la position de directrice générale ?

S. B. – Pour moi, c’est la passion qui a joué un rôle moteur, mais, également, la volonté et la transparence. Cette dernière m’a toujours permis de me remettre en question rapidement et d’avancer en prenant en considération les feed-back de mes collaborateurs. Evidemment, le travail est aussi un point clef. Ma formation en droit m’a apporté logique et rapidité de décision, une façon de structurer ma pensée et de tout de suite être capable de me projeter sur le long terme. J’ai une approche très entrepreneuriale. Je gère un hôtel en bon père de famille.

V.J. - Après avoir œuvré en Europe, quelles différences percevez-vous dans l’exercice des métiers de l’hôtellerie de luxe avec le Moyen-Orient, en ce qui concerne la gestion des équipes, mais aussi la relation au client ?

S. B. – On m’avait alertée sur le fait que le personnel dans les émirats est très différent, qu’il est mono tâche. Pour être honnête, en Europe également il y a d’énormes différences entre les marques et les types d’établissements. A Bruxelles, au Sofitel, je me suis trouvée confrontée à des collaborateurs non polyvalents. Ce fut différent au Radisson RED, car une forte majorité du personnel était des millennials qui possèdent une grande soif d’apprendre. Donc, cela ne dépend pas seulement du pays, mais aussi de la mixité des équipes et du produit avec lequel on travaille. Je n’ai pas été réellement confrontée à Dubaï à ce qu’on m’avait annoncé.

Pourtant, je suis arrivée un mois avant le début de la crise Covid et je n’ai pas vraiment eu le temps de connaître les équipes. J’ai dû rapidement analyser la situation et prendre des décisions pour préserver la santé de l’entreprise et les emplois, mais les équipes ont été très ouvertes à mes demandes. J’ai chaque fois expliqué pourquoi on prenait cette direction. Une grande confiance s’est établie, et même les plus réticents à la polyvalence se sont laissé convaincre, car il y avait, pour eux, quelque chose de très gratifiant dans le fait qu’on ne les limitait pas dans leur fonction et que l’on était ouverts à les aider à développer leurs compétences. Ici, les gens sont extrêmement loyaux et expriment beaucoup leur gratitude. Nous avons ainsi réussi à réagir positivement à la situation.

V.J. - A ce propos, dans cette période que nous connaissons de restriction des déplacements, comment votre clientèle a-t-elle évolué ?

S. B. – Dubaï a très bien géré la pandémie, raison pour laquelle les touristes ont pu y être accueillis dès le 7 juillet, bien avant d’autres pays, et sans connaître de nouveau lockdown. Certes, l’Exposition universelle a été repoussée. Je pense que les voyages d’affaires vont diminuer, car les gens ont appris à travailler autrement. Donc, notre segmentation va nécessairement être modifiée. De nouvelles stratégies sont mises en place, tout en restant vigilants face à l’évolution de la pandémie. Nous avons décidé de développer d’autres marchés. Nous allons également, sans doute, évoluer plus en destination de loisir. Nous avons déjà des services en ce sens : une piscine, un spa et 13 restaurants dont certains proposent des shows quotidiens. Nous débutons aussi sur le segment famille en créant des activités, comme des cours de yoga, de pâtisserie, etc. Et, dans quelque temps, un programme réservé aux chérubins.

V.J. -  Story Hospitality a pourtant un portefeuille centré sur les destinations touristiques. Comment définiriez-vous l’expérience délivrée par The H Dubai ?

S. B. – Nous nous adaptons à la vitesse de développement étourdissante de la ville qui est en pleine transformation, visant des activités de plus en plus diversifiées : sport, culture, etc.  L’Exposition universelle de 2021 est un événement que, bien sûr, nous soutiendrons. De plus, Dubaï offre une expérience et des ressources locales de plus en plus mises en avant. Nous sommes encore ici aux prémices de la durabilité même si, à The H Dubai, nous avons déjà obtenu un label environnement, et sommes en train d’affûter nos engagements avec une certification « Clé Verte » en cours. Nous allons continuer chaque année à améliorer nos performances sur le développement durable en partageant notre motivation et nos actions avec nos clients et nos équipes.

V.J. – Justement, pensez-vous que le nouveau concept de « staycation » soit destiné à perdurer ? Qu’il devienne une nouvelle opportunité pour l’hôtellerie de luxe de se démarquer ?

S. B. – Je ne pense pas que l’hôtellerie de luxe soit la seule porteuse de cette évolution. Nous constatons plus de diversification dans les 4 étoiles et les hôtels lifestyle, car les vols deviennent de plus en plus abordables et les millennials apprécient particulièrement de voyager vers Dubaï qui reste une destination relativement proche avec des vols courts. L’assurance d’une météo toujours agréable et la sécurité comptent aussi parmi les facteurs d’attraction. Le luxe peut faire la différence sur la personnalisation, évidemment, de l’expérience client, mais aussi le retour aux fondamentaux en matière de communication, et l’absence de barrière entre clients et personnel : provoquer un sentiment de surprise, une émotion plutôt que de vendre un produit. Je trouve cela très inspirant.

V.J. - Dans vos « moments pour vous », quelles activités aimez-vous pratiquer ?

S. B. – Nous nous sommes passionnés pour la conduite dans le désert, en famille. Tous les vendredis après-midi, nous partons et nous suivons des cours. C’est à la fois très dépaysant et excitant. Nous aimons aussi parfois terminer la journée par un barbecue, le soir sur place. Cette activité nous procure un véritable sentiment de déconnexion. Elle nous permet de relâcher le stress et prendre en énergie.  

The H Dubai

1 Sheikh Zayed Rd

Trade CentreTrade Centre 1

Dubai - Émirats arabes unis

+971 4 501 8888

(Crédit photo : The H Dubai)

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