INTERVIEW : Laurent Branover, directeur général, Les Domaines de Fontenille

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La sublime collection Les Domaines de Fontenille poursuit sa creation d’adresses d’exception avec deux nouvelles ouvertures dès juin. Fidèle à son esprit d’authenticité, de respect d’un patrimoine naturel et bâti, ces deux nouvelles destinations viendront enrichir le panel d’expériences globales basées sur le bien-être, la simplicité, la culture et l’osmose à son environnement, valeurs chères aux fondateurs de la collection, Frédéric Biousse et Guillaume Fourcher.

Laurent Branover, directeur général de la collection Les Domaines de Fontenille depuis deux ans, a laissé son empreinte dans de nombreuses adresses à la renommée internationale. Ayant oeuvré sur quatre continents, il a d’abord intégré de très prestigieuses maisons européennes, telles que le Royal Barrière à Deauville,  le Byblos à Saint-Tropez. En 2008, il devient directeur général adjoint de l’Hôtel Metropole à Monaco, qui fut élu, à cette époque, « Meilleur Hôtel du Monde 2010 » par Leading Hotels of the World. Promu directeur du Raffles Hotel Singapore, l’hôtel se classe alors dans le top 3 du « World’s Best Employers » de Forbes. Sa formidable ascension se poursuit en prenant les rênes du Palais Namaskar à Marrakech (Oetker Collection). Il y développera notamment un programme eco-friendly récompensé du prix « Best Luxury Green Hotel 2014 » par les World Luxury Hotel Awards. L’hôtel est également nommé « Best of the Best » en 2013 par le magazine Robb Report. Il revient en Europe en 2015 pour prendre la tête du Palace La Réserve à Genève."

Les adresses des Domaines de Fontenille ont rouvert en avril dernier. A cette occasion, Laurent Branover nous a fait le plaisir d’introduire, pour les lecteurs de vendom.jobs, les deux nouveaux établissements très attendus de leur portfolio. En tant que leader, nous en avons profité pour lui demander son état des lieux de l’année passée. Il en ressort une incroyable vivacité de la collection, ainsi qu’un esprit d’émulation général qui a démultiplié la créativité, l’implication et l’enthousiasme des équipes.

Le Domaine de Fontenille

Vendom.jobs - Présentez-nous la collection dont vous êtes le directeur général ?

Laurent Branover - Les Domaines de Fontenille est une collection d’hôtels présente en France et en Espagne. De Marseille à Hossegor en passant par le Luberon et Minorque, nous proposons une expérience unique dans des lieux chargés d’histoire et au patrimoine naturel et architectural exceptionnel. Nos deux prochaines adresses ouvriront leurs portes dès le mois de juin : Primard, dans l’Ouest parisien, et 70 hectares… et l’océan, à Seignosse.

V.J. - Quelles seront les particularités de ces nouvelles adresses ?

L. – B. – Nous ouvrons Primard, à coté de Giverny. L’hôtel est composé de 40 chambres. Nous en avons confié la partie restauration à Eric Frechon (mentor et chef associé de la collection), notamment pour l’ouverture d’un restaurant signature. Pour le spa, nous collaborerons avec Suzanne Kaufmann, qui ouvrira là sa première adresse en France. Conformément à l’esprit de notre collection, nous aurons notre jardin en permaculture, mais aussi des animaux, dont des chevaux, et beaucoup d’expériences liées à la Normandie.

Primard

V. J. - Les adresses des Domaines de Fontenille portent une vision très actuelle d’expérience globale et locale. Peut-on penser aller plus loin encore dans l’osmose d’un hôte et de son environnement ?

L. – B. - Je pense que l’on peut aller toujours plus loin. Aux Domaines de Fontenille, nous avons à cœur de proposer à nos clients une expérience pleine de sens et d’émotions qui valorisera l’environnement naturel de chacune de nos maisons. L’idée n’est pas de vivre en autosuffisance, mais de rendre hommage au terroir et aux produits locaux. Se reconnecter au temps et à la terre est selon nous essentiel. De plus en plus d’hôtels se sensibilisent à cela, même dans les villes où la notion de terroir n’est pas forcément évidente. C’est une très bonne chose.

V.J. – Justement, comment imprimez-vous cette authenticité dans vos adresses plus urbaines, comme Marseille ?

L. – B. – Toutes les adresses de la collection se démarquent globalement par leur forte implication dans les problématiques de durabilité. Tous nos hôtels ont banni le plastique et nous utilisons, pour nos clients ainsi qu’en interne, des produits recyclables : nos cosmétiques sont biologiques, nos vêtements proviennent de la Maison Standards qui utilise un coton biologique et éthique, etc. La traçabilité des produits extérieurs aux domaines que nous utilisons est vérifiée deux fois.

Concernant les produits alimentaires, environ 80 à 85 % de ceux-ci sont issus de circuits courts. A Marseille, cela a été facile, car nous avons directement opté pour une cuisine à base de poisson et des produits de la mer, uniquement. Nous nous approvisionnons, donc sur le vieux port. Des produits du potager de Lauris sont également acheminés à Marseille, notamment les tomates.

Les Bords de Mer

Le Domaine de Fontenille, à Lauris, produit une partie de ses œufs, l’autre partie vient d’un éleveur qui a recueilli des poules réformées, etc. A Hossegor, 95 % des produits sont locaux et se situent dans un rayon de 15 km autour de l’hôtel ; notre poisson vient de la criée du Cap Breton.

V.J. – Comment poursuivez-vous cette réflexion ?

L. – B. – Le credo des Domaines des Fontenille a toujours été porté sur la durabilité : des produits sains, locaux, éthiques. Le sourcing prend du temps, c’est pour cette raison que nous avons tiré parti des périodes de confinement pour travailler sur ces questions et pousser plus loin notre positionnement.  Nous avons ainsi découvert un élevage de bœuf exceptionnel en Normandie, à Utah Beach. Nous avons aussi relevé nos exigences et nos techniques en matière de fromages, de la production de notre miel, de nos confitures, etc. Les adresses du Domaine de Fontenille s’approvisionnent entre elle : le miel vient en partie de Lauris, en partie de Minorque, les confitures du Lubéron et de Minorque, où nous possédons une plantation d’agrumes. Nous commençons même à développer notre propre pastis !

V.J. – Comme vous le souligniez, chacune de vos adresses s’ancre, dès leur création, fortement dans un patrimoine. Pensez-vous, qu’à l’avenir, cette tendance sera généralisée, plus d’authenticité, de proximité, de conscience, de valorisation d’un patrimoine, etc. ?

L.- B. - Je pense en effet que c’est l’avenir et notamment suite aux derniers évènements. Il y a selon moi un réel besoin de revenir à l’essentiel. En reprenant l’exemple de Fontenille, notre vignoble est en activité depuis bientôt 400 ans. Désormais certifiés en agriculture biologique, nous avons souhaité valoriser le patrimoine existant. Ceci, associé à une offre gastronomique dont les produits viennent essentiellement de notre potager en permaculture, offre à nos clients une expérience unique. Je pense que de plus en plus de gens sont sensibles à cette dimension écoresponsable.

V.J. – Les fidèles de vos établissements, puisqu’ils sont sensibles à ces aspects, sont-ils tentés de visiter d’autres adresses des Domaines, afin de retrouver cet esprit d’authenticité, mais dans un autre environnement ?

L. – B. - Nous savons que 57 % de nos clients reviennent dans nos maisons, dont 15 % ont séjourné dans tous nos hôtels. Sans s’en rendre compte, du moins sans le théoriser ou l’initier par des offres spécifiques, depuis le commencement des Domaines, nous souhaitions donner ce sens à collection. Revenir, en quelque sorte, à l’esprit et la tradition du Grand Tour.  Nos clients, qui me contactent pour me livrer leur ressenti, contribuent à développer cette âme qui constitue le fil rouge des Domaines, même si les décors sont différents. Chacune de nos destinations est unique et atypique, tout en offrant un panel de nos territoires complémentaire, avec des adresses urbaines, de campagne, de mer et, désormais, un resort intégré.

V.J. - Ce sont de jeunes adresses, comment avez-vous rebondis, lors de cette période si particulière que nous venons de passer ?

L. – B. – Je pense qu’en premier lieu, il a été primordial de rester à l’écoute de nos collaborateurs. J’ai vraiment essayé d’être au plus proche, car cette période a été et est toujours un vrai challenge, mais cela nous pousse à aller encore plus loin.

Aussi, nous sommes certes de jeunes adresses, mais nous faisons toujours preuve d’adaptabilité, ce qui est, à mon sens, essentiel dans ce métier. Rien n’est jamais acquis et il faut toujours penser l’après, en mieux !

V.J. – Comment avez-vous entretenu ce lien avec vos collaborateurs ?

L. – B. – Lors du premier confinement, nous avons rapidement décidé de créer des groupes sur messagerie instantanée pour chaque hôtel afin de pouvoir échanger le plus librement possible avec eux. Nous nous relions - directeurs d’hôtel, service des richesses humaines et moi-même – afin de rester en contact au minima une fois par semaine avec chacun de pour les accompagner, échanger, prendre soin d’eux.

Ensuite, nous avons décidé d’utiliser cette période d’arrêt momentané pour réfléchir à ce que nous pourrions faire évoluer, renouveler, améliorer. A cette étape, toutes les équipes, quelle que soit leur fonction ont été mises à contribution pour participer à cet immense brainstorming. Une grande motivation en a résulté qui s’est manifestée lors de la réouverture de nos adresses dès le 1er avril.

V.J. – Cette période, toujours incertaine, vous a-t-elle amené à repenser votre leadership ?

L. – B. - Cela est toujours une question difficile, car nous évoluons toutes et tous, ce n’est que dans les yeux de nos équipes que nous voyons ce changement !

Pour ma part, j’ai beaucoup lu, j’ai pris de temps d’échanger avec des collègues hôteliers, des amis, des clients, des partenaires…. Et surtout, j’ai réfléchi à ce que je souhaitais voir et ce que je ne voulais plus ressentir.

Avec les équipes des Domaines de Fontenille, nous avons beaucoup travaillé, énormément échangé et nous avons pris le temps pour prendre de belles décisions, le résultat étant un turnover de nos équipes de 13 % sur plus de 350 ambassadrices et ambassadeurs en 2020. Ainsi, 87 % des équipes ont été présents pour la réouverture.  Je suis très heureux de cela et je remercie la passion et la loyauté de mon CODIR.

Les Hortensias du Lac

V.J. – Avez-vous opté pour des mises à niveau en amont des réouvertures ?

L. – B. – Nous avons mis en place des formations sur-mesure pour nos équipes selon leur département. L’idée était de leur donner les mots, les attitudes, qu’ils s’approprieront pour élever l’expérience client. « Des mets et des mots » inculquait ainsi la phraséologie que l’on peut utiliser pour sublimer les plats. « La magie des lieux, la magie des mots » était, lui, un module dédié à l’hébergement et au spa. Nous avons également établi des changements dans nos systèmes internes PMS et P&S ; l’ensemble de nos ambassadeurs a été intégré à ces réflexions.

V.J. – Quelles sont pour vous les contraintes que l’on ne pourra, désormais, plus contourner dans des adresses haut de gamme, en matière d’interaction humaine, d’aménagement des espaces, de consommation, etc. ? Comment pensez-vous vous y préparer ?

L. – B. – Tout d’abord, je pense que les problématiques environnementales sont actuellement au cœur des débats sociétaux. On ne peut pas se dire grand groupe ou adresse haut de gamme sans y penser ! C’est devenu un vrai enjeu, et cela, d’autant plus qu’au sein de la collection, nous nous sentons tous concernés ! Nous souhaitons vraiment que nos clients se sentent « comme à la maison » et nous mettons tout en œuvre pour que leur expérience client soit la plus qualitative possible, mais cela ne doit pas se faire au détriment de la planète.

Puis, il est aussi question de faire en sorte que cette expérience client soit unique. La question à se poser est : comment faire en sorte que les gens viennent et reviennent chez nous ? Pour ce faire, nous misons tout sur l’offre de services.

Santa Ponsa, Fontenille Menorca

Enfin, l’adaptabilité. S’adapter, encore et toujours ! Les demandes d’aujourd’hui ne sont pas celles de demain et encore moins celles d’hier. Tout va désormais très vite… et cela est une vraie contrainte. S’adapter, faire de la veille, être à l’affût des nouvelles tendances, être à l’écoute sont devenues des choses primordiales et nécessaires !

V.J. – Une chose qui ne vous manquera pas du monde dit « d’avant » ?

L. – B. – Notre société de 2020 fut un monde de brouhaha, d’immédiateté et de verbiage. Ces bavardages se mêlent au marketing, à la publicité et à la communication standardisée, masquant l’extrême pauvreté de la pensée.

J’ai, pour ma part, retrouvé un espace sacré qui m’a permis de m’extraire de ce tumulte malgré la difficulté économique que nous avons subi. La gestion de la parole lors des fameux ZOOM a créé un temps de recul, d’écoute et d’apaisement. Une règle du silence qui n’était ni une punition ou une faiblesse en revanche, ce fut un outil précieux pour continuer.

Nous avons amélioré notre stratégie dont la quête de sens est importante avec le RESPECT (respect de l’autre, respect de l’organisation, respect de la hiérarchie, respect de la nature, tous les respects que l’on doit à l’être humain…) permettant de construite une identité collégiale forte en ayant perçu, entendu et vécu avec nos équipes une appartenance et une fierté de travailler pour la collection les Domaines de Fontenille.

Ainsi, « la chose » qu’il ne me manquera pas est notre activité mentale trop prolifique est difficilement maîtrisable, nous maintenant dans un monde illusoire, limitant notre réflexion et, au final, nous éloignant de nous-même et du sens que l’on veut donner à notre métier si passionnant.

lesdomainesdefontenille.com

(Crédit photo : Les Domaines de Fontenille)

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