INTERVIEW : Laurent Branover, directeur général de la Collection Les Domaines de Fontenille

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© Domaine de Fontenille

La carrière de Laurent Branover s’est développée sur plusieurs continents. Après avoir intégré de prestigieuses maisons en Europe, telles que le Royal Barrière à Deauville, le Park Hotel à Genève, le Byblos à Saint-Tropez et Courchevel, il rejoint le groupe Sofitel Luxury Hotels. En 2008, il devient directeur général adjoint de l’Hôtel Metropole à Monaco, été élu à cette époque « Meilleur Hôtel du Monde 2010 » par Leading Hotels of the World. Promu directeur du Raffles Hotel Singapore, il poursuit sa formidable ascension pour prendre la direction du Palais Namaskar à Marrakech, Oetker Collection. Il y développera notamment un programme eco-friendly récompensé du prix « Best Luxury Green Hotel 2014 » par les World Luxury Hotel Awards. Il revient en Europe en 2015 pour prendre les rênes du Palace La Réserve à Genève.

Au mois de mars dernier, Frédéric Biousse et Guillaume Foucher annoncent sa nomination comme directeur général de la Collection Les Domaines de Fontenille. Les entrepreneurs visionnaires ne s’y sont pas trompés, son large panel d’expériences et son expertise aigue de l’industrie de l’hôtellerie de luxe seront désormais mis au service des adresses, actuelles déjà très remarquées et futures, de ce tout nouveau groupe. Le temps d’un entretien, il livre pour Vendom, une vision anticipatrice et lumineuse d’une profession qui appelle, comme il le souligne, l’excellence mais aussi l’humanité.


Vendom.jobs - Pourriez-vous nous parler de ce qui vous a conduit dans ce secteur ?

Laurent Branover – Durant mon enfance, j'ai eu l'occasion de voyager souvent avec mes parents en Europe et dans le monde entier. J'ai toujours aimé séjourner dans de beaux hôtels, dans les lieux atypiques que nous visitions et j'ai très tôt su apprécier le sens du luxe dans ces propriétés. À l'âge de 19 ans, j'ai décidé de me lancer dans une carrière internationale dans l'industrie hôtelière et je me suis donc inscrit dans une école hôtelière à Toulouse, avec une spécialisation dans les arts de la table. J’ai donc parfaitement tracé ma carrière dès le départ avec comme objectif premier de travailler pour les grands hôteliers et restaurateurs.

Cela ne signifie pas que j’ai toujours été exempt de doutes, bien au contraire, mais je pense que l’on doit croire en sa vision, à son intime conviction, tout en restant vigilant. Nous devons être capable de prendre du recul – jusqu’à l’appréhension qui est pour moi une « peur saine », constructive – et d’analyser. Notre métier appelle au bon sens, à l’écoute mais aussi à une certaine contemplation et, bien sûr, à l’espérance !

V.J. – Quels sont, pour vous, ses principaux ressorts ?

L. B. – Tout d’abord, ce qui m’a motivé depuis toutes ces années, c'est la passion de mon travail. Rester concentré sur mes objectifs est, selon moi, la clé du succès. Je mets également énormément d’importance dans ce que j’appelle « la richesse humaine » - je déteste le terme « ressources humaines – elle englobe bien mieux l’idée de collaboration entre différents individus, talents. C’est cette richesse humaine qui nous permet, dans un environnement très exigeant comme le secteur de l’hôtellerie de luxe, d’avoir des résultats et d’être en mesure de réagir rapidement, notamment à l’évolution des conditions du marché et de réviser les stratégies en conséquence.

J'aime ces notions de collaboration, d’unité et de partage, pour moi ce sont les qualités nécessaires à un bon leader afin de permettre à ses collaborateurs de se développer. La notion d’agilité est également un concept clef.

Je suis également intimement convaincu que l’on peut « réussir » - même si je n’aime l’idée de compétition que recouvre ce mot - en restant intègre.

J’aimerais souligner que, malgré les déceptions possibles, nous rencontrons toujours des gens passionnés et passionnants dans notre profession. Il faut se tourner vers l’avenir car il est porteur de sens, de profondeur et surtout nous en sommes les acteurs.  Nous ne pouvons revenir sur les évènements passés alors autant mettre toute son énergie dans un avenir qui s’annonce radieux !

Du côté des équipes, je sens bien que les jeunes diplômés recherchent de plus en plus la transversalité car ils sont curieux, ouverts. Ils n’hésitent pas à remplir des fonctions très différentes avec un grand enthousiasme ! Je pense que notre métier évoluera aussi ainsi : nous conserverons des spécialistes mais des gens seront de plus en plus pluridisciplinaires. Cela n’enlève rien à leurs succès , bien au contraire, car ils sont très qualifiés et possèdent les qualités indispensables à notre secteur : le sens de l’accueil, du service, de l’excellence et une générosité. C’est pour cela que j’en reviens toujours à la notion de « richesse humaine » et non de « ressources ».

V.J. - Vous avez œuvré sur tous les continents, quelles sont, selon vous, les clefs « universelles » de l’hôtellerie de luxe ?

L. B. - J’ai effectivement eu la chance de pouvoir travailler sur de nombreux continents et surtout de découvrir des us et des coutumes différentes.

En tant que Français, nous avons le privilège de baigner dès notre plus jeune âge dans une culture du « bien manger », « le grand artisanat », entourés de bons produits, et je me suis fait fer de lance de cette expertise gastronomique au sein des établissements où j’ai eu la chance d’officier.

Le luxe, à mon humble avis, est assez universel. Il est, tout simplement, de faire plaisir à ses clients, à ses hôtes, mais aussi aux personnes qui travaillent avec vous. Le vrai luxe se trouve dans la sincérité des services que nous proposons et c’est aussi le cœur de notre métier.

V.J. - Avec quelle dynamique personnelle (et professionnelle) passe-t-on de maisons historiques – je pense à Raffles – à des maisons plus jeunes, elles-mêmes très novatrices dans leur conception de l’accueil ?

L. B. - Je pense que ces passages sont dus essentiellement à des rencontres, avec notamment M. Pierre Jochem, M. Frank Marrenbach ou M. Joël Robuchon qui m’ont fait découvrir ces lieux. Chacun m’a montré la voie à sa façon – le sens du détail, la sensibilité, la bienveillance, l’écoute mais aussi la rigueur – et chacun en partageant des qualités humaines énormes ; ils sont, à mes yeux, de vrais humanistes.

Les maisons « historiques » nous apportent la tempérance, l’humilité, la découverte et la notion de passage quand des maisons « jeunes » vous amènent dans l’agilité commerciale ou financière, la création et surtout la notion d’aventure et donc d’aventurier.

À mon sens, ces passages, ces échanges entre le moderne et la tradition sont nos piliers de vie et d’hôteliers en nous permettant d’avoir un benchmark et d’être entourés de guides ou mentors bienveillants dans l’intransigeance.

Je dois aussi ajouter que s’il nous est possible actuellement de travailler pour des adresses aussi prestigieuses, c’est avant tout grâce à des hommes, les propriétaires, les investisseurs. Ce sont des gens qui nourrissent une grande passion pour l’hôtellerie, je pense, par exemple, à la famille Boustany au Metropole Monte-Carlo, Michel Reybier pour La Réserve, la famille Oetker… J’ai la chance de travailler aujourd’hui avec Frédéric Biousse et Guillaume Foucher, des entrepreneurs qui ont une vision de l’hôtellerie tout à fait novatrice. Il faut beaucoup d’audace, de courage et de passion mais, malgré les doutes parfois, ce sont eux qui permettent à notre corps de métier d’évoluer dans des environnements magiques et de mener à bien notre mission. Chaque projet est avant tout une aventure humaine. Lorsqu’il peut sembler utopique se sont ces visionnaires qui en font une réalité. Je leur suis extrêmement reconnaissant de m’avoir donné l’opportunité de participer à leurs incroyables entreprises.

V.J. - Le Domaine de Fontenille porte en lui-même une expérience globale au plus près du "beau" et du "meilleur" sous toutes leurs formes (esthétique, environnement, patrimoine, gastronomie…), comment envisagez-vous ses prochains développements ?

L. B. - Les Domaine de Fontenille font partie de ses nouvelles maisons discrètes. Nous y faisons partager de fortes valeurs autour de nos tables étoilées, de notre potager en permaculture, de notre production de vin biologique, de l’agriculture, etc. Tout n’est homogène dans notre métier, beaucoup d’ingrédients sont nécessaires pour mener à bien une si délicate recette. Le produit est essentiel, la richesse humaine est un pilier tout aussi important. Notre métier, son offre hôtelière a évolué en créant des luxes expérimentaux. Nous devons désormais créer et apporter une agilité dans les services proposés, dans les traditions de notre art de vivre « à la française » qui est en perpétuel évolution aussi.

Je dois dire que lorsque j’ai rencontré Frédéric et Guillaume, ce fut en quelque sorte un coup de foudre professionnel. Certainement aussi car nous partageons les mêmes valeurs en matière d’entreprenariat, de richesse humaine mais aussi dans notre conception du luxe qui n’est pas ostentatoire mais respectueux de son environnement. Je pense que cette notion de respect, de « prendre soin de », est définitivement ce qui est en train de faire évoluer notre métier.

Ensuite, notre profession est actuellement dans une phase de transition. Je suis convaincu que les hôtels sont un peu les miroirs de notre société, ce qui prouvent aussi que notre métier est attaché à des valeurs très fortes. Il y a quelques années on me traitait « d’illuminé », ce qui est, en fait, pour moi un grand compliment, car, à mon sens, l’adjectif est porteur d’utopie mais surtout de vision, donc d’être tourné vers l’avenir. C’est aussi ce que recherche la clientèle actuellement, revenir aux essentiels, à une relation d’individu à individu. Nos clients sont essentiellement français, des gens qui voyagent parfois beaucoup mais qui souhaitent redécouvrir une simplicité, une authenticité, des valeurs positives et bienveillantes.

V.J. - Les Domaines de Fontenille possèdent, désormais, de nombreux et très enthousiasmants projets. Pourriez-vous nous en dire plus ?

L. B. - Le projet pour la Collection est de poursuivre le développement du Domaine de Fontenille à Lauris, marquer l’implantation des Bords de Mer à Marseille qui me tient particulièrement à cœur car je suis né à deux rues de là… C’est un joli clin d’œil !

En juin, nous ouvrons un très bel hôtel à Hossegor, Les Hortensias du Lac, où nous allons créer le premier surf lodge hotel en France. En juillet, nous créons, sur 300 ha un hôtel, Fontenille en Menorca, avec deux expériences différentes et complémentaires dans la plus ancienne finca minorquine avec la création d’un vignoble, d’une plantation d’agrumes, une forte notion agricole et éco-responsable. Nous allons offrir un condensé des caractéristiques de l’une des plus belles et des plus secrètes îles des baléares, Minorque : nature sauvage et préservée, cultures endémiques, patrimoine architectural exceptionnel, plages vierges de sable blanc, eau cristalline. Puis à côté de Paris, la création d’un lieu magique en 2020 ! Et nous continuons à prospecter pour développer en France et Europe mais ça c’est un secret…

V.J. - Quel est votre luxe, votre idée personnelle du luxe ?

L. B. - Les définitions du mot luxe sont complexes et très personnelle. Je trouve que ce mot a été trop « matérialisé ». Pour ma part le luxe c’est ma lumière, mon étoile du berger dans un certain sens. Ainsi, mon luxe c’est de passer du temps avec les miens, ma femme, Isabelle, et mes deux enfants, Louis et Sarah. C’est aussi échanger et partager sur nos valeurs communes que sont la nature, les étoiles, le rêve, le futur. La vie tout simplement sous une belle lumière !

Domaine de Fontenille

Route de Roquefraiche

84360 Lauris, France 
 
+33 4 13 98 00 00

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