INTERVIEW : Etienne Dalançon, directeur général du Waldorf Astoria Maldives Ithaafushi

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L’arrivée de la fabuleuse collection Waldorf Astoria aux Maldives fut l’une des ouvertures les plus excitantes de l’année 2019. Le projet se démarqua, dès ses débuts, par l’opulence et la générosité de son offre : de sublimes et spacieuses villas nichées au cœur d’une végétation écrin mais pas seulement… Le credo du Waldorf Astoria Maldives Ithaafushi, situé dans l’atoll sud de Malé, pourrait être « une vie royale de Robinsons » tant ce resort à penser le séjour de ses hôtes dans les moindres détails de l’exception. Pour mener à bien ce rêve fou, Hilton a choisi Etienne Dalançon, aujourd’hui directeur général de l’hôtel, non seulement pour sa connaissance pointue du marché asiatique (Park Hyatt Tokyo, Park Hyatt Shanghai) et les fabuleuses ouvertures dont il fit de grands succès (Park Hyatt Paris-Vendôme, par exemple, en 2002) mais aussi pour sa vision du luxe qui semble ne connaître aucune frontière. Il explique aujourd’hui à vendom.jobs ce qui rend Waldorf Astoria Maldives Ithaafushi un lieu si unique au sein du paradis maldivien.

Vendom.jobs - Après avoir été en charge de projets d’ouverture chez Hyatt et l’ouverture du Waldorf Astoria Maldives Ithaafushi, pourriez-vous nous expliquer les moteurs et enjeux de cette fonction ?

Etienne Dalançon – C’est une très vaste question mais, pour moi, le plus important est d’ouvrir au bon moment avec un produit répondant parfaitement aux objectifs fixés ainsi qu’avec la bonne équipe.

V. J. - Quelles ont été vos problématiques de recrutement avant l’ouverture et quelles sont-elles maintenant ?

E. D. – Cela peut paraître surprenant, surtout dans le contexte actuel, mais nous n’avons, aux Maldives, pas réellement de problèmes de recrutement. Le prestige de la destination, la façon dont nous nous occupons de nos collaborateurs rendent cette zone très attractive. Nous avons affaire à des employés qualifiés et motivés qui viennent pour l’expérience. De même en ce qui concerne les maldiviens, ils sont extrêmement bien formés car ils sont issus des marques les plus renommées du secteur. En effet, les Maldives sont un marché très pointu et nous nous devons d’avoir un service irréprochable. Finalement, nous n’avons pas réellement de formation à faire, hormis une mise à jour des connaissances de nos équipes concernant les standards de la marque, mais beaucoup de chaînes hôtelières en partagent des similaires.

Mon expérience en Chine fut différente, en raison notamment du fort turnover. Il y existe également un manque de qualification et de motivation. Ici aux Maldives, nous avons beaucoup moins perçu les effets de la crise, car les employés sont restés dans leurs hôtels respectifs.

V. J. – Comment accompagnez-vous vos collaborateurs dans leur évolution ?

E. D. –  Il existe de nombreuses possibilités de transfert aux Maldives au sein du groupe entre le Conrad, le Curio Collection et d’autres projets encore en cours de développement. Nous faisons partie de la zone Asie du Sud-Est. Dans une marque comme Hilton, nos collaborateurs commencent par bouger à l’intérieur d’une aire géographique, entre les marques, puis partout dans le monde.

V. J. - Vos diverses expériences incluent une large connaissance du marché asiatique. En quoi les Maldives se distinguent selon vous ?

E. D. – Nous tendons à des pratiques de voyage de plus en plus individuel ou en petits groupes. Les destinations maldiviennes se prêtent parfaitement à ce type de séjours. De plus, grâce à la collaboration économique avec la Chine, les deux pays ont commencé à bien travailler ensemble en matière d’investissements. Le seul challenge, au départ, a porté sur les prix qui sont très élevés aux Maldives. Nous avons donc mis plus de temps à nous ouvrir au marché chinois, mais il fait désormais partie de l’un de nos trois plus importants clients. Bien entendu, la typologie de la clientèle et sa provenance varient en fonction des marques. Certains de nos concurrents n’ont que très peu de clientèle chinoise.

V. J. - Waldorf Astoria Maldives Ithaafushi est la première ouverture de Waldorf Astoria Hotels & Resorts dans l’océan Indien. Pourriez-vous nous parler de son positionnement au sein d’un environnement si prisé, mais aussi très concurrentiel ?

E. D. – Notre positionnement était très clair depuis le début. Nous voulions tout faire pour arriver au plus haut de l’échelle et ceci le plus rapidement possible. Simply the best! Pour ce faire, Hilton s’est associé aux meilleurs partenaires et investisseurs potentiels. La marque a aussi misé sur la proximité de l’île avec Malé et son aéroport international. Ce qui a, sans aucun doute, fait le rapide succès du projet est son articulation autour de ces points principaux. Si l’on souhaite créer un produit d’exception, qui fonctionnera, il faut des finances solides, une situation géographique privilégiée, une offre diversifiée et singulière ainsi qu’une équipe ayant une exceptionnelle envie de réussir.

V. J. - Waldorf Astoria Maldives Ithaafushi se distinguent de bien des adresses maldiviennes notamment par ses choix en matière d’architecture, de design, mais aussi de services. Pourriez-vous nous parler de votre offre restauration incroyablement riche et variée et nous expliquer pourquoi vous avez fait ce choix ?

E. D. – Il faut avant tout savoir que les Maldives ne sont pas une destination culinaire. Il est, en effet, difficile de se procurer les produits variés et frais sur une île et les clients n’ont guère le choix sur ce qu’on leur offre. Nous avons donc fait le constat que la cuisine proposée dans les hôtels maldiviens est souvent médiocre et très chère. Notre étude nous a menés à penser que pour faire quelque chose de différent nous devions varier les offres, les points de vente et leur atmosphère. Nous avons donc mis un point d’honneur à proposer à nos clients des services et expériences qui n’auraient rien à envier aux établissements qu’ils pourraient côtoyer à Paris, à Londres, Tokyo ou New York.  

Un autre objectif était de rendre nos restaurants indépendants et authentiques, ne pas les concevoir comme des restaurants d’hôtels. Ainsi, dans notre restaurant chinois, les équipes en salle et en cuisine sont chinoises. Il en est de même avec notre restaurant moyen-oriental dont les collaborateurs viennent du Liban, de Syrie, de Turquie, etc.

On considère, en général, que la durée moyenne d’un séjour aux Maldives est de 4,5 jours. Notre objectif était de pouvoir donner à nos hôtes la possibilité de vivre des expériences différentes tous les jours, le midi et le soir s’’ils le souhaitent. Ce fut très délicat à mettre en place, mais le magnifique résultat en fait l’une de nos principales différenciations. D’ailleurs, nous avons pris la décision de continuer à développer cet axe. Nous avons profité de la pause dictée par la crise pour concevoir et construite notre restaurant japonais sur l’eau qui sera ouvert pour la haute saison à venir, fin novembre.

V. J. - Qu’est-ce qui surprend et rend le plus heureux vos clients ?

E. D. – Je pense que c’est notre capacité d’accès et d’accueil depuis l’aéroport 24h/24 en seulement 40 min. Les clients apprécient beaucoup les yachts de 20 mètres et plus mis à leur disposition. Ensuite, je dirais que c’est l’espace offert non seulement par l’île en elle-même, mais aussi par les hébergements. L’île fait 3,8 km d’un bout à l’autre sur lesquels nous avons installé 118 villas, toutes possèdent leur propre piscine et de fabuleux espaces extérieurs. Notre plus petite villa fait 235m2 et elles peuvent aller jusqu’à 1100 m2. Cela est sans compter notre 119e clef qui est notre île privee (Itaafushi Private Island Estate) de 32 000 m2, le nec plus ultra, le paradis sur terre et l’île la plus exclusive des Maldives. Le plus souvent, aux Maldives, les hôtels sont situés sur de toutes petites îles rondes et les hébergements sont construits autour. L’île d’Ithaafushi est une longue langue de terre où nous avons pu construire sur toute son étendue. Cet environnement permet un sentiment de liberté assez unique aux Maldives tout en étant entouré d’un superbe lagon et de magnifiques plages.

V. J. - Les plus belles adresses des Maldives s’investissent beaucoup dans l’éco-responsabilité. Pourriez-vous nous parler des projets du Waldorf Astoria Maldives Ithaafushi à ce sujet ?

E. D. –  Notre resort est encore récent, ce sont donc des questions sur lesquelles nous sommes toujours en train de travailler car toutes actions doivent avoir un impact. Toutefois, dès le départ, nous avons décidé d’atteindre une consommation de plastique nulle (0 single plastic island), ce qui était un très gros challenge de nos jours, notamment pour trouver les fournisseurs. Nous sommes fiers d’être à peu près à 99 % plastique free. Notre eau est produite sur l’île et évidemment exclusivement mise en bouteilles de verre, les produits des chambres sont contenus dans des distributeurs en marbre, les clefs sont en bois, les tongs en bambou, etc. Nous avons même été plus loin pour réduire drastiquement nos déchets lorsque l’on organise des pique-niques ou des excursions. La vaisselle et les couverts sont faits en amidon qui peut être soit consommé, ou bien donné aux poissons.

V. J. - Mener à bien une telle ouverture doit-être extrêmement gratifiant pour vous, vos équipes, quel est votre plus beau souvenir à ce sujet ?

E. D. –  Lorsque l’on ouvre un tel resort à l’autre bout du monde, au milieu de l’océan, nous vivons deux aventures en une en quelque sorte. Tout d’abord sa conception. Nous étions près de 3 000 collaborateurs au départ pour rendre cette langue de sable en un lieu accueillant et à la végétation luxuriante. Ensuite, nous avons connu beaucoup de moments très gratifiants, l’accueil de nos premiers hôtes, les prestigieux prix que nous avons reçus en font partie mais, ce qui m’a procuré la plus grande émotion fut certainement notre emménagement sur l’île.  Cet évènement était très attendu, car nous avons travaillé longtemps ensemble à Malé en vue de l’ouverture. Nous sommes tous arrivés en même temps. Une centaine de personne, quelques 450 bagages, de l’eau et de la nourriture pour 15 jours, le tout embarqué sur une barge pour une traversée de 3 h. Bien entendu, nous avons fait durant 14 mois des allers-retours réguliers sur l’île, mais ce sentiment n’avait rien de comparable avec le moment surréaliste où nous avons posé le pied sur Ithaafushi en sachant que, dorénavant, nous devions vivre en autosuffisance. L’enthousiasme de tous à notre arrivée, le bonheur de cet accomplissement m’ont particulièrement touché.

Waldorf Astoria Maldives Ithaafushi

Ithaafushi Island South Malé Atoll Male

20009, Maldives

+960 400-0300

(Crédit photo : Waldorf Astoria Maldives Ithaafushi)

 

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