INTERVIEW : Céline Jaunard, Christofle International Hospitality Manager

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Depuis les années 1830, la Maison Christofle marque, non seulement, le paysage de l’orfèvrerie française et fait partie intégrante de ce patrimoine que l’on nomme « art de vivre à la française ».   Dès le 19e siècle à la tête des innovations techniques, son génie repose aussi sur sa faculté à rayonner très tôt hors des frontières, fournir les plus grandes maisons et maintenir sa réputation d’objets esthétiques, parfaitement pensés pour son emploi ; mais également économiquement accessible grâce à la découverte du métal argenté.

Lorsque l’on pense arts de la table, la Maison Christofle est immanquablement évoquée en premier lieu et son sens de l’innovation perdure à travers le temps. La Maison Christofle reçoit en 2016, le Prix de l’Innovation pour le MOOD By Christofle à EquipHotel. Céline Jaunard, Responsable commerciale hospitality à l’international, nous parle de l’approche spécifique de la maison en hôtellerie et restauration.

 

Vendom.jobs - Pouvez-vous nous parler de votre parcours chez Christofle ?

Céline Jaunard – J’ai débuté, il y a 10 ans, en qualité de responsable commerciale pour la région parisienne en hôtellerie, restauration et prescripteurs architectes et décorateurs.

Il y a 3 ans, j’ai pris la responsabilité de la France et de l’Angleterre sur l’activité corporate/wholesale avec une équipe de 3 personnes.

Aujourd’hui, je pilote l’activité hospitality au niveau monde, dans le but de développer notre croissance pour les filiales US, Chine, Japon, France/UK et la division grand export.

V.J. - Comment définiriez-vous la marque « Christofle » ?

C. J. – Je parlerais d’abord de la qualité de la facture, évidemment, mais aussi de la facilité du public à identifier immédiatement les produits de la marque. L’art d’avoir su allier esthétisme et ergonomie. Son intemporalité également ; Les services de table traversent les générations tout en conservant une certaine modernité. Cela reste la force de Christofle, un objet utile, étant donné sa fonction, parfaitement pensé pour celle-ci, mais aussi son design qui souligne un luxe non ostentatoire.

La Maison développe un véritable « art du partage » qui se décline dans cinq univers : la convivialité du repas, l’échange autour du bar, le goût du beau à travers la décoration, le plaisir du cadeau via les bijoux et les accessoires et le sens de la célébration de l’univers Enfant.

MOOD By Christofle

V.J. - Historiquement Christofle est une maison à la pointe de l’innovation en orfèvrerie, comment s’exprime cette innovation de nos jours d’un point de vue technique et/ou art de la table ?

C. J. – Christofle développe des produits qui se nourrissent d’un esthétisme intemporel et de l’observation de nouveaux usages et des rituels contemporains. Notre studio de création intégré est à l’origine de certaines icônes (MOOD). Depuis le début, Christofle collabore également avec des artistes et des designers : De Carrier-Belleuse à Mucha, de Gio Ponti à Ora Ito, Andrée Putman, Marcel Wanders ou Karl Lagerfeld. Il inspire, tour à tour, des collaborations voire des séries limitées. Le sens de l’innovation pour la Maison c’est aussi savoir faire évoluer notre métier et ainsi infuser, dans la grande tradition orfèvre, les process les plus pointus des nouvelles technologies.

Dans le respect des normes environnementales, nous avons recours à la modélisation 3D, à des machines perfectionnées.

V.J. - Au sein d’un luxe également mondialisé, comment présente-t-on le savoir-faire à la française ?

C. J. – Nous avons la chance d’avoir un fond d’archives important, un patrimoine exposé, une rétrospective Gio Ponti s’est tenue en 2018 au musée des Arts décoratifs : Tutto Ponti, Gio Ponti – architecte designer. Nous participons aux Journées européennes du patrimoine. Actuellement, nous exposons au Musée de Pointe-à-Callière au Canada. Plus de 300 pièces sont réunies autour de l’exposition « A Table ! ».

Nous sommes également capables de nous adapter aux demandes d’une clientèle possédant ses particularités locales, à travers les « attentions spéciales » qui offre la possibilité de personnaliser les articles : couverts, notamment pour l’hôtellerie, mais aussi orfèvrerie de table. Nous avons une offre assez large grâce à nos différents pôles qui se découpent en cinq univers.

V.J. - Quelle est, dans ce paysage, la stratégie de développement d’une maison de grande renommée comme Christofle ?

C. J. – Concernant le pôle hôtelier, la marque est connue de tous. Nous souhaiterions la rendre encore plus visible en participant davantage à des salons et à des événements professionnels. Nous nous orientons vers la publication d’un catalogue dédié à l’hospitality , avec l’ajout de certains produits plus spécifiques à ce domaine ; par exemple, en développant une ligne bar ainsi que de nouvelles tables roulantes. Nous proposons à nos clients la personnalisation grâce à la gravure, les gammes de couleurs mais aussi grâce à la création de coffret prestige, pour les spiritueux entre autre.

Cette stratégie passe aussi par notre présence en ligne avec un nouveau site, dès la fin de l’année.

V.J. – D’un autre côté, comment conserve-t-on ses partenaires historiques ?

C. J. – Cela, sans aucun doute, par notre capacité à innover, comme avec le MOOD By Christofle, mais aussi, immanquablement, par la qualité de la facture. Les professionnels savent que l’investissement que cela représente sera largement amorti car ils ont conscience que nous leur présentons des objets d’une grande qualité. Nous accompagnons, sur le long terme, les professionnels dans leur projet d’ouverture ou de rééquipement.

V.J. – Percevez-vous de nouvelles tendances dans les arts de la table ?

C. J. – La table évolue, bien sûr, car les usages évoluent, se simplifient. Par exemple, les couteaux à poisson tendent à disparaître au profit de la cuillère à sauce qui sert à la découpe et au jus. Les protocoles de service sont allégés : la découpe se fait, plus rarement, devant les clients. Les plats sont désormais, le plus souvent, présentés déjà constitués. La cuillère à bouillon aussi est de moins en moins sollicitée par les restaurateurs.

Il est facile aussi de le constater par l’émergence des restaurants « bistro-gastro », plus « casual », qui misent beaucoup sur leur identité visuelle, leur design pour rendre leur adresse « instagrammable ». Les éléments de décor, les ambiances y ont leur importance pour que l’endroit soit aisément identifiable par les usagers des réseaux sociaux et donc démultiplier la visibilité du restaurant. Dans ce cas, le couvert devient un élément du décor, il n’est plus uniquement que présent pour son usage.

V.J. – Quel sera pour vous le luxe demain ?

C. J. – Concernant les arts de la table chez Christofle, je pense à beaucoup de services, la qualité, une belle facture, et une esthétique intemporelle, qui restent, comme nous le disions précédemment, l’image de marque de la maison. Vis-à-vis des professionnels, notre capacité de suivi nous permet de continuer à produire les services, de faire du sur-mesure, mais aussi de les accompagner dans leurs souhaits.

Nous avons, en effet, beaucoup de commandes spécifiques. Dans l’hôtellerie, de nombreux chefs souhaitent avoir leurs propres couverts : soit par la personnalisation (gravure, couleurs…) soit par la réutilisation de matrices qui ne sont plus produites pour relancer une série sur demande à partir d’anciens modèles. On peut également penser à une création originale. Dans ce cas, nous travaillons sur des développements de projets qui demandent au minimum une année (création, prototypage, production…).

V.J. – Quel est votre luxe ?

C. J. – C’est, pour moi, une belle table. Vivre une expérience dans un restaurant gastronomique. Un instant suspendu de partage autour de mets succulents, hors du temps, ne s’articulant qu’autour du déroulé du menu. Un moment de pur plaisir, de découverte où tous les sens sont en éveil.

 

www.christofle.com

 

(Crédit photo : Christofle)

 

 

 

 

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