03/08/2021

INTERVIEW : Sandrine Poupon, directrice de l’EIML Paris (Ecole Internationale de Marketing du Luxe)

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L’enseignement du luxe est l’un des fleurons de l’éducation en France. L’EIML Paris (Ecole Internationale de Marketing du Luxe) a choisi un angle d’enseignement bien spécifique dédié au marketing et au management du luxe. Forts d’un solide bagage englobant tous les codes du secteur, mais également des expériences professionnalisantes, les jeunes diplômés de l’EIML Paris offrent aux entreprises des compétences abouties et directement opérationnelles. Ils sont ainsi capables de s’intégrer dès la sortie de leur cursus dans toutes les maisons formant l’industrie du luxe. Sandrine Poupon, directrice de l’EIML Paris, nous a présenté les spécificités de l’enseignement de cette école, mais également les ouvertures que celui-ci implique dans un univers toujours plus en mutation et naturellement ouvert à l’international.

Vendom.jobs. - Pourriez-vous nous présenter les axes spécifiques de l’enseignement à l’EIML Paris ?

Sandrine Poupon - La particularité de l’EIML Paris est d’être axé sur tous les domaines du luxe : la mode et les accessoires, les parfums et les cosmétiques, la joaillerie, la haute horlogerie, les vins et spiritueux, l’hôtellerie, les services etc. Nous balayons tous les secteurs du luxe dans les métiers du marketing, de la communication, du digital marketing et de la distribution.

V.J.- Qui sont vos intervenants ?

S. P. – Tout d’abord, un intervenant de l’EIML Paris doit avoir un parcours dans le secteur du marketing, de la communication, du digital, selon la matière enseignée, mais aussi une expérience d’au moins une dizaine d’années au sein de maisons de luxe. Nous avons, à l’EIML Paris, un enseignement très pragmatique et nous prônons le « learning by doing ». Au-delà de l’aspect théorique, nos étudiants acquièrent des connaissances pratiques. Nos intervenants sont donc là pour leur faire des retours d’expérience, leur partager leur connaissance du terrain et les préparer aux enjeux de demain.   

V.J. - Comment se passe l’intégration sur vos campus ?

S. P. – Nous intégrons les étudiants à différents niveaux : en post-bac, également en deuxième, mais surtout en troisième et quatrième année pour le programme Mastère ou en MBA. En première année, nous leur proposons une semaine d’intégration pendant laquelle ils prennent connaissance du secteur du luxe, rencontrent leurs camarades et découvrent la vie parisienne. Nous avons beaucoup de cours en première et deuxième année de culture générale : histoire de l’art, histoire du cinéma, histoire de la mode, codes du luxe, etc. Nous commençons par ailleurs les cours de marketing dès le premier semestre.

Pour les étudiants intégrant l’école en troisième et quatrième année, ils débutent par des cours de mise à niveau. Nous privilégions l’accès aux étudiants venant, soit d’écoles équivalentes dans le domaine du luxe, soit d’écoles de management. Toutefois, mais cela est beaucoup plus rare, nous pouvons accueillir des étudiants provenanat d’autres cursus grâce à notre « semestre de validation ». Les étudiants suivent alors une mise à niveau de trois mois.

Concernant les étudiants intégrants notre MBA, ceux-ci viennent d’horizons très variés et sont formés aux métiers et secteurs du luxe grâce à des cours de mise à niveau.

V.J. - Par répartition, dans quels secteurs du luxe se dirigent vos diplômés ?

S. P. – Les jeunes bacheliers qui intègrent l’école sont souvent passionnés par l’univers de la mode, mais leur intérêt évolue durant leur scolarité, car, à l’EIML Paris, nous leur donnons l’opportunité de découvrir et de se former à d’autres secteurs du luxe. Finalement, pas plus d’un quart des diplômés travaillent dans la mode.

Un secteur est notamment en plein développement, ce sont les métiers de service du luxe : spa, conciergerie, agences de communication ou de conseil, etc. Beaucoup d’étudiants se dirigent également vers les industries de savoir-faire prestigieux, comme la joaillerie, ou les cosmétiques, afin d’intégrer un grand groupe. Donc, il n’existe pas réellement une segmentation figée des choix de carrière de nos diplômés.

Par ailleurs, les entreprises partenaires de l’EIML sont présentes dans tous les secteurs du luxe, ce qui laisse un large choix à nos étudiants pour orienter leur carrière.

V.J. – Pourtant, n’avez-vous pas senti une désaffection pour les métiers de service en raison de la crise ?

S. P. – Une notion fortement reliée au luxe est la résilience.  En effet, le luxe est l’un des secteurs les plus résilients au monde, les chiffres annoncés récemment par les grands groupes comme LVMH ou Kering le prouvent. Le luxe sait s’adapter, rebondir vite, car il est à l’écoute des tendances. C’est un secteur qui se réinvente perpétuellement, et notamment grâce aux services, tels que le social selling ou le social media sur les réseaux sociaux...

V.J. – Après le numérique, les grandes marques de luxes se tournent de plus en plus vers l’écoresponsabilité. Quelle sera, selon vous, la prochaine étape à aborder pour le luxe ?

S. P. – Les relations des grandes marques avec leur clientèle via les médias sociaux a, en effet, été une énorme avancée pour le secteur du luxe. La relation étant au cœur de valeurs de ce secteur. L’autre bond en avant est, bien sûr, le développement durable, l’éthique. Toutefois, je pense qu’en 2021, l’objectif est d’abord de retrouver une stabilité au terme de tous les moments difficiles et incertains que nous venons de traverser. Ce qui est très important pour le secteur est aussi d’être à l’écoute et de satisfaire ses clients. Le profil-type de la clientèle luxe est actuellement de jeunes Chinois, hommes ou femmes, millennials, mais aussi les Américains de la classe moyenne supérieure. Ensuite, il est vrai que des initiatives plus ponctuelles sont prises par certaines marques. Cependant, elles recoupent toujours, pour le moment, les domaines que je viens de citer, comme les social media, en organisant, par exemple, des défilés de mode virtuels. La vente en ligne en format 1to1 a également fortement augmenté. Pour le moment, les ouvertures de demain restent encore assez vagues. Dans le contexte actuel, le luxe préfère solidifier ses acquis.

V.J.- On dit souvent que le terme luxe est galvaudé, qu’il est désormais plus utilisé à des fins marketing. Quel est votre point de vue ? Quelle est votre définition du luxe ?

S. P. – Le luxe peut recouvrir de multiples significations. Il a, à la fois, un côté très positif, dans sa relation au beau, à la qualité, au savoir-faire, à l’exigence de service, etc., mais il possède également un aspect plus négatif pour certains quand il représente quelque chose d’élitiste, de fermé, voire de futile. La définition que j’en donne à mes étudiants est que le luxe est ce qui suscite l’émotion, le rêve.  Il me semble très important dans le monde dans lequel nous vivons de trouver ce genre d’échappatoire : accompagner dans un univers différent, agréable et satisfaisant aussi bien les clients des marques de luxe que ceux qui ne le sont pas.

Le luxe possède également des acceptions différentes pour ses clients. Il ne signifie pas la même chose selon les cultures. En France, nous sommes très attachés aux grandes marques historiques qui manifestent un savoir-faire ancré dans notre patrimoine. En Italie, le luxe est très relié à l’art, il revêt une forte valeur esthétique. En revanche, une clientèle brésilienne ou russe sera plus attachée à son aspect statutaire, ostentatoire, qui montre la réussite de l’individu. En Chine ou aux Etats-Unis, l’histoire autour de la marque son storytelling primera sur tout le reste.

V.J. – Nous disions que le luxe est l’un des secteurs qui a vite surmonté la crise. Quels conseils donneriez-vous à de jeunes personnes qui veulent embrasser ces carrières ?

S. P. – Il continue, en fait, à se réinventer pour la surmonter : Le processus est toujours en marche. Si ce secteur s’adapte aussi bien, c’est justement grâce à la part de rêve qu’il apporte, qui permet aux clients et clients potentiels de s’évader d’une réalité encore actuellement difficile, mais aussi, car c’est une industrie très flexible

J’encourage mes étudiants à être avant tout agiles, savoir être en veille, s’adapter, voire anticiper. D’autres qualités appréciées par le monde du luxe sont la curiosité, l’ouverture d’esprit, le goût de l’exigence également. D’un point de vue plus pragmatique, la nécessité de maîtriser l’anglais et d’autres langues me semble une condition fondamentale ; le monde du luxe, quelle que soit la marque concernée, est amené à traiter avec n’importe quelle communauté à l’international.

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