08/04/2020

INTERVIEW : Olivier Raveyre, directeur général de Cheval Blanc Saint-Tropez

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Il est des adresses qui marquent une destination, qui en écrivent même l’histoire, chapitre après chapitre. Il en est ainsi pour l’ancienne Résidence de la Pinède, passée dans la fabuleuse collection Cheval Blanc en 2016. Cheval Blanc Saint-Tropez, quatrième adresse de la section hospitalité de LVMH, a insufflé à la cité méditerranéenne, si prisée, le vent d’élégance intemporelle propre aux hôtels de la marque mais aussi l’audace chic d’intérieurs revus par l’architecte Jean-Michel Wilmotte, sans oublier son légendaire restaurant La Vague d’Or***. Olivier Raveyre, directeur de la Résidence de la Pinède et actuel directeur général de Cheval Blanc Saint-Tropez, ouvre à vendom.jobs les portes de ce lieu au luxe unique dont l’art de vivre se décline en douceur, chaleur et convivialité.

Vendom.jobs - Quels ont été, durant votre carrière, vos mentors/vos modèles en matière de management ?

Olivier Raveyre - J’ai toujours eu des mentors et ils sont nombreux… Les modèles les plus impactants ont été mes parents. Ils ont façonné en moi des valeurs qui me servent tous les jours dans l’accomplissement de mon travail telles que l’humanité, la bienveillance et la détermination. Dans le monde professionnel, j’ai rencontré de grands managers avec peu de leadership et au contraire de grands leaders qui manageaient peu ou mal. (« Un leader sait ce qu'il faut faire ; un manager sait seulement comment le faire. » Ken Adelman). Je m’inspire des deux, en prenant tout ce qui peut me grandir, je m’enrichis du positif et m’assure de ne pas reproduire ce qui n’est pas aligné avec mes valeurs. Luc Delafosse (directeur général Ritz London, Burj al-Arab, Crillon…) fut le mentor de mes tout débuts et je continue à me nourrir de tous les grands professionnels qui m’entourent.

V.J. – Pourriez-vous nous parler de votre philosophie du leadership ?

O. R. - Un grand leader est pour moi quelqu’un qui sait fédérer pour emmener ses équipes à accomplir sa vision avec des valeurs communes. J’attache beaucoup d’importance à l’humilité, valeur également portée par la collection Cheval Blanc. Elle représente, selon moi, le comportement nécessaire à adopter pour continuellement s’améliorer, toujours chercher à apprendre.

C’est ce que nous recherchons en priorité chez nos collaborateurs. Lors de nos recrutements, nous ne portons pas uniquement attention aux compétences mais surtout aux personnalités. Nous aimons aussi ces hommes ou ces femmes audacieux qui sont capables de challenger la pensée conventionnelle, qui aiment créer ce qui n’existe pas encore. Voilà ce que nous encourageons, l’expression des talents individuels. Au-delà même de l’excellence et du geste parfait, s’il n’est pas guidé par une sensibilité, de la sincérité, il n’est pas réellement abouti.

V. J. - Chaque adresse Cheval Blanc présente un esprit singulier, tout à fait unique. Comment qualifieriez-vous celui de Cheval Blanc Saint-Tropez ?

O. R. - Son histoire et ses hommes.

La collection Cheval Blanc réunit des maisons authentiques. Cheval Blanc Saint-Tropez a une histoire forte avec des racines profondément ancrées dans le terroir tropézien. La Maison s’est construite en 1936 et était une résidence secondaire pour les vacances de propriétaires qui y venaient très peu. Ils l’ont alors laissé à un cuisinier qui sera le premier à l’appeler Résidence de la Pinède. En 1968 de grands travaux seront entrepris avec le concours d’un céramiste artiste Roger Capron que J.-M. Wilmotte remettra en lumière dans le projet architectural de Cheval Blanc Saint-Tropez. Au final, Cheval Blanc Saint-Tropez a été une maison qui s’est toujours réinventée tout en gardant ses racines et son identité de maison de vacances.

Pour ce qui concerne les hommes et les femmes qui œuvrent au sein de la maison, nous sommes plus que soudés, nos relations sont fraternelles, avec un collectif de personnalités singulières que nos clients aiment retrouver d’année en année. Arnaud Donckele et Thierry Di Tullio, en sont des dignes représentants et tous ensemble nous créons une atmosphère professionnelle et familiale, l’ambiance à Cheval Blanc Saint-Tropez est chaleureuse avec nos hôtes et nos équipes.

V. J. - Comment se glisse-t-on dans l’ADN si particulier d’un groupe comme LVMH ?

O. R. - Cheval Blanc nous a fait l’honneur d’intégrer notre maison à sa collection en 2016. Le lieu incroyable et nos méthodes de travail étaient déjà très cohérentes avec celle du groupe, ce qui a rendu notre fusion très naturelle.

V. J. - Quel bilan tirez-vous de sa bientôt première année d’existence ?

O. R. – Nous avons terminé la rénovation de l’hôtel en 2019 après trois hivers de travaux conséquents. Nous avons vécu cette première année comme une continuité dans notre recherche de l’excellence. Nous avons rajouté ce supplément d’âme Cheval Blanc qui se traduit par des services signatures exceptionnels, toujours plus de générosité et un savoir-être distinctif.

V. J. – Quelles sont, pour vous, les principales problématiques de recrutement de l’hôtellerie de luxe ?

O. R. -  Nous évoluons dans un environnement très concurrentiel qui nous oblige à améliorer nos conditions sociales continuellement. L’hôtellerie et la restauration sont parmi les rares secteurs à connaître le plein emploi. Les paradigmes ont changé, nous ne sommes plus dans un rapport paternaliste de manager à employés. Les jeunes générations ne cherchent plus seulement à être embauchées pour accomplir une tâche ; elles veulent du sens et viennent pour collaborer à un projet. Tout comme nos clients, les candidats attendent une véritable expérience en tant que collaborateur et ne veulent plus perdre de temps.

Cette situation nous amène à mieux communiquer notre vision mais également notre engagement vis-à-vis d’eux. Notre marque employeur continue à se renforcer et gagner en crédibilité car elle allie ses mots à des actes concrets pour nos Ambassadeurs.

Si notre industrie demande certainement des sacrifices, elle a gagné en désirabilité et permet aujourd’hui de conduire de jeunes talents rapidement sur des postes d’encadrements. Aussi, elle offre une égalité des chances quel que soit votre background.

V. J. - Comment se démarque-t-on dans une région comportant tant de grands hôtels historiques ?

O. R. - On se différentie naturellement par notre identité et les services que nous offrons, toutefois je n’aime pas nous contextualiser en « concurrent ». Nous sommes tous complémentaires et devons travailler proactivement une stratégie de destination. Si l’ensemble des hôtels d’une destination offrent des services exceptionnels, innovants, dans des maisons bien tenues, nous en serons tous gagnants. Quel intérêt d’avoir une maison exceptionnelle, si en mettant le pied à l’extérieur l’expérience client est gâchée par ailleurs.

V. J. - On parle beaucoup de l’avenir du luxe dans la personnalisation, l’expérience, etc. Comment continue-t-on à surprendre, faire vibrer, sa clientèle ?

O. R. - La créativité. Elle est une valeur fondamentale de l’expérience client. Nous cultivons l’émotion et chaque Ambassadeur participe à cette quête ultime. Cette philosophie repose sur l’ultra personnalisation et la générosité du service prodigué par les Ambassadeurs qui doivent, avec sincérité, insuffler leur sensibilité dans chacun de leur geste et chacune de leur parole.

Si le geste de service doit être continuellement juste et hautement personnalisé, il doit également être accompagné d’une attitude particulière, de la gentillesse dans le pire des cas mais aussi d’une singularité caractérisée par une personnalité étonnante et fondamentalement empreinte d’une valeur immuable : une véritable envie de faire plaisir.

V. J. - Quel est votre définition personnelle du luxe ?

O. R. - Le luxe est le privilège d’une expérience de rareté. Il peut se retranscrire dans un lieu, un savoir-faire, un bien et même une histoire, de l’art ou l’esthétisme. Plus le produit capitalise sur cette exclusivité et cumule ces éléments exceptionnels et non reproductibles, plus il suscite la convoitise pour créer le fameux « ça n’a pas de prix ! ». C’est un privilège également car le luxe impose une dimension du contrôle du volume pour préserver ce sentiment d’unicité, de fierté et d’appartenance.

Le luxe c’est aussi ce que nous avons de plus précieux, du temps, du temps de qualité. Il n’est plus uniquement question d’avoir mais d’être aussi. Si le luxe statutaire est toujours très fortement apprécié, le luxe expérientiel l’est désormais tout autant. Quand le client ressort d’un magasin avec un bien qu’il pourra apprécier sur du long terme, il en est tout autre pour nos métiers. C’est un processus long et de chaque instant lors duquel le client ne ressort qu’avec une seule chose : un souvenir, et dans le meilleur des cas, une émotion. Alors que dépasser les attentes des clients tient selon moi du process, créer l’émotion est une compétence humaine, basée sur la sensibilité et la créativité.

V. J. - Quels sont selon vous ses prochains enjeux ?

O. R. - Les enjeux sont de s’entourer de tous ces merveilleux talents qui adhèrent à nos valeurs qui font l’âme de nos Maisons.

Il s’agit alors de libérer les énergies créatrices et ancrer fortement notre identité en laissant s’exprimer ces personnalités, ces caractères, qui susciteront l’attachement de nos hôtes.

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