INTERVIEW : Jacques Charles, directeur des Opérations, Heritage Resorts, Maurice

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Directeur des Opérations d’Heritage Resorts à l’île Maurice depuis 2015, Jacques Charles est un homme de terrain. Aussi curieux des diverses disciplines qui forment l’hôtellerie que des cultures qu’elle permet de côtoyer, il a su tisser une carrière à la force de ses envies, mais aussi de sa curiosité. Il explique aujourd’hui à Vendom combien le secteur hôtelier haut de gamme peut être un secteur ouvert à toute personne possédant une vraie passion du métier. Il nous fait également part d’une certaine exception mauricienne. Au sein du  paradis que représente le Domaine de Bel Ombre, situé au sud de l’île Maurice, il explique pourquoi cette destination de rêve pourrait se révéler être un modèle pour les nouveaux enjeux de l’hôtellerie de luxe.

Vendom.jobs - Vous avez œuvré dans les ventes et le marketing puis dans les opérations en tant que directeur général (Le Méridien Nice & Juan-les-Pins, Constance Lemuria Resort aux Seychelles, Westin Turtle Bay à Maurice, le Palace Les Airelles à Courchevel) et maintenant COO de Heritage Resorts. Pourriez-vous nous expliquer ces choix de carrière ?

Jacques Charles – Je ne suis pas issu d’une école hôtelière. J’ai débuté à Paris dans les ventes. J’ai accédé au monde de l’hôtellerie car il m’attirait. Plus particulièrement, celui des grands hôtels, très cosmopolites, où des courants d’idées et différents secteurs d’activités se côtoient. Ils matérialisent pour moi des carrefours de rencontres très intéressants. Faisant suite à des études de pharmacie, et plus que jamais déterminé à me tourner vers le monde de l’hôtellerie, je me suis interrogé comment pouvoir rejoindre ce secteur sans devoir commencer un nouveau cursus universitaire. J’ai alors appelé les directeurs commerciaux des grands hôtels parisiens pour avoir leur avis. C’est ainsi que j’ai débuté un stage au sein des hôtels Méridien.  Au bout de quelques mois, j’ai pu intégrer l’équipe commerciale puis être ensuite confirmé Responsable des Ventes.  Plus tard je reprenais une année d’étude à plein temps à l’EM Lyon pour développer mes connaissances en management et j’obtenais le diplôme du CESMA MBA Européen.

V. J. - Avez-vous eu des mentors ?

J. C. – En effet, en entrant chez Méridien, j’ai rencontré mon mentor, Martine Balouka, à l’époque directrice commerciale des hôtels Méridien Europe. Elle a suivi ma carrière pendant près de 20 ans et fut toujours là quand j’avais besoin de partager des idées, d’être guidé sur une décision à prendre, un changement d’orientation . . . C’est elle par exemple, qui à un moment de ma carrière m’a conseillé de m’orienter vers les opérations. A cette époque,  il n’existait pas vraiment de passerelle naturelle entre le commercial et l’opérationnel. Elle m’a alors suggéré de devenir l’assistant d’un directeur général afin de lui offrir mon expertise dans les ventes et le marketing, pour qu’il me forme, en retour, aux opérations. 

V. J. - Quel(s) conseil(s) pourriez-vous donner à de jeunes gens souhaitant prendre ces voies ?

J. C. –  Il faut être conscient que l’hôtellerie est d’abord un choix de vie, car elle a beaucoup d’emprise sur votre vie privée. Ce secteur demande beaucoup de disponibilité, mais aussi de la souplesse et de la réactivité, car il connaît beaucoup d’imprévus. L’évolution au sein d’un hôtel demande également d’être patient et persévérant. En effet, la longueur des carrières peut faire peur aux jeunes générations qui veulent tout et tout de suite. L’expertise est aussi prépondérante pour avancer. Par exemple, pour être un bon directeur général, il faut de préférence avoir connu plusieurs facettes du métier : l’hébergement, la restauration, le marketing... Par ailleurs un autre conseil que je peux donner aux jeunes qui démarrent dans ce métier est qu’il ne faut pas rester sur ses échecs, car ils sont formateurs et permettent d’avancer et d’évoluer.

V. J. - Quels sont pour vous les talents qu’ils devraient posséder ?

J. C. –  Il est important, à mon sens, de savoir s’ouvrir au monde, d’être curieux, sentir les tendances. L’hôtellerie d’antan était relativement figée, traditionnelle. Aujourd’hui, on demande aux gens d’apporter quelque chose de nouveau, de différenciant, qui suscite l’intérêt des clients.

Mais mon expérience m’a également prouvé que l’on peut intégrer l’industrie sans passer par les cursus classiques, qu’avec une grande envie et une personnalité intéressante, la porte reste ouverte. Il faut s’avoir se remettre en question et faire preuve d’agilité.  

Pour finir, on démarre toujours dans un domaine dans lequel on devient expert, mais il faut se méfier des expertises trop poussées qui peuvent vous enfermer. Encore une fois, il est primordial d’afficher une grande polyvalence et d’être capable de passer d’une activité à l’autre sans se laisser cloisonner.

V. J. - Heritage Resorts à Maurice brille, notamment, par la qualité de son environnement et de ses activités. A une époque où, désormais de plus en plus, la clientèle cherchera l’espace et des services sécurisants, comment percevez-vous ses atouts ?

J. C. –  La clientèle a modifié ces attentes, en effet. Aujourd’hui, des destinations comme Maurice sont extrêmement attractives pour les urbains qui cherchent à fuir le stress de la ville. L’espace est certes un paramètre clef pour trouver la sérénité qu’il n’y a plus en ville.  Heritage Bel Ombre offre cela, mais aussi de la diversité, dans ses offres culinaires, ses activités . . . un terrain de jeux incroyable ! Il existe aussi un facteur de sécurité grâce à une libre circulation dans notre Domaine avec des protocoles sanitaires bien pensés. L’île Maurice offre aussi d’autres avantages comme par exemple le peu de décalage horaire avec le marché européen. Nous possédons également, à Heritage Le Telfair, un programme bien-être qui répond à une demande de certains clients, un besoin de se retrouver et prendre soin de soi, notamment à travers des programmes de méditation, de yoga, de Pilates ou de massages personnalisés .

V. J. - Heritage Le Château porte en lui un condensé du patrimoine mauricien. Comment définiriez-vous l’expérience qu’il offre ?

J. C. –  Nous possédons, en effet, une palette culinaire importante avec 12 restaurants aux influences très variées, indienne, asiatique, méditerranéenne. . . Le Château est une table gastronomique se tenant dans une ancienne demeure mauricienne du 19e siècle. On y retrouve du mobilier d’époque, une certaine lenteur, une douceur de vivre. Quand les clients viennent au Château, ils s’autorisent, sans s’en rendre compte, à prendre du temps. L’environnement est exceptionnel, la bâtisse se trouve au milieu de magnifiques jardins « à la française » à l’avant, « à l’anglaise » à l’arrière, pourvus d’arbres centenaires. Tout y est serein, le personnel raffiné. Il règne également dans son atmosphère une forte influence locale. En somme, toute une partie du patrimoine mauricien.

Côté cuisine, l’équipe du Château a été coachée par le chef doublement étoilé David Toutain qui est venu apporter son expertise en matière d’organisation ainsi que sa connaissance dans les attentes d’une clientèle en majorité européenne. Au départ,  il est venu faire son marché accompagné de nos chefs pour découvrir les produits typiquement mauriciens et mettre au point des cartes qui marient culture culinaire française aux saveurs tropicales.

V. J. - Quels sont, à l’heure actuelle pour vous, les atouts d’une telle destination ?

J. C. –  Si l’on compare l’île Maurice à d’autres destinations de l’océan Indien comme les Seychelles ou les Maldives, elle apporte certainement plus d’opportunités commerciales. Dans cette époque de crise que nous vivons, où nous sommes orphelins de touristes, le marché mauricien reste générateur de revenus. Maurice a fait sa renommée sur son hospitalité, la gentillesse de ses habitants. La culture ici fait preuve d’une mixité remarquable où des mauriciens d’origines diverses vivent dans un espace de partage incroyable, extrêmement riche. L’île Maurice pourrait être un exemple au regard des tensions que l’on retrouve à l’heure actuelle un peu partout dans le monde. Cette paix de l’esprit participe aussi à l’attractivité de l’île pour des gens qui veulent venir travailler ici. L’île Maurice offre une sérénité qui de nos jours est un vrai luxe.  

V. J. - Une question plus personnelle, lorsque l’on vit comme vous dans un cadre paradisiaque, quelle(s) autre(s) destination(s) vous ferai(ent) rêver ?

J. C. – J’ai vécu cinq ans aux Seychelles avant de venir à l’île Maurice. Ce sont deux environnements paradisiaques, mais très différents. Les Seychelles possèdent une atmosphère plus sauvage avec un zeste d’Afrique. L’île Maurice est plus développée, avec une certaine influence Indienne. Cela fait près de quinze ans que je vis dans cette région. J’y suis très attaché. J’aime ce style de vie où je retrouve l’intérêt du travail que j’ai précédemment connu au travers de mes expériences en Europe, mais avec une qualité de vie inégalable.

Je suis loin de mon pays d’origine mais chaque jour je réalise à quel point j’ai de la chance d’être venu ici.

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(Crédit photos : Heritage Resorts)

 

 

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